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SCÈNE I.

consistance — d’un roc. Écoutez. Ce saint renard, — ou ce loup (car il est l’un et l’autre, aussi vorace — que subtil, aussi enclin au mal — que capable de le faire, son âme et sa fonction — se dégradant réciproquement), — dans l’unique but d’étaler sa pompe en France — comme ici, a conseillé au roi notre maître — cette entrevue, ce traité si coûteux — qui a absorbé tant de trésors et qui s’est rompu — comme un verre qu’on rince.

norfolk.

C’est, ma foi, vrai.

buckingham.

— Permettez, monsieur. Ce madré cardinal — a dressé les articles du contrat — à sa guise : il n’a eu qu’à crier : soit ! — pour que chacun d’eux fût ratifié. Résultat : — une béquille donnée à un mort. N’importe ! c’est notre comte-cardinal — qui a fait la chose, et elle est bien faite ; car elle est l’œuvre — de ce digne Wolsey, qui ne saurait errer. Maintenant voici la suite, — et c’est ici que je vois une sorte d’engeance — de la vieille mère Trahison : l’empereur Charles, — sous prétexte de voir la reine sa tante — (car c’était vraiment une couleur, il ne venait — que pour s’aboucher avec Wolsey), fait une visite ici : — il craignait que l’entrevue entre — les rois d’Angleterre et de France, en fondant leur alliance, — ne lui portât préjudice : car dans cette ligue — on voyait poindre des dangers menaçants pour lui. Secrètement donc — il s’entend avec notre cardinal ; cela, je puis — bien l’affirmer ; car j’ai la certitude que l’empereur — a payé avant de promettre, et qu’ainsi sa demande était accordée — avant d’être présentée. La voie étant frayée — et pavée d’or, l’empereur a prié Wolsey — de vouloir bien modifier la politique du roi — en rompant la susdite paix. Il faut que le roi sache — (et il le saura par moi) que le cardinal — trafique ainsi de l’honneur royal à sa guise — et à son profit.