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HENRY VIII.

à la nature plus que lui ; son savoir est tel — qu’il peut éclairer et instruire les plus grands maîtres, — sans jamais chercher de lumière hors de lui-même. Voyez pourtant, — quand de si nobles facultés ne sont pas — bien dirigées, l’âme une fois corrompue, — elles se transforment en vices qui ont dix fois plus de laideur — qu’elles n’ont jamais eu de beauté. Cet homme si accompli, — qui était mis au rang des prodiges, et qui, — tant il nous ravissait par sa parole, nous faisait — passer une heure comme une minute, lui, madame, — il a appliqué à de monstrueuses pratiques les talents — qu’il possédait jadis, et il est devenu noir — comme si l’enfer l’avait sali. Asseyez-vous près de nous ; et vous allez entendre sur son compte — (voici son homme de confiance) — des choses à navrer l’honneur… Qu’on lui fasse raconter de nouveau — les machinations qu’il a déjà révélées, auxquelles — nous ne saurions trop nous soustraire, que nous ne saurions trop entendre.

wolsey, à l’intendant.

— Avancez ; et rapportez hardiment — ce qu’en sujet dévoué vous avez — recueilli du duc de Buckingham.

le roi henry.

Parlez librement.

l’intendant.

— D’abord, il avait coutume de dire (chaque jour — il tenait ce langage venimeux) que, si le roi — mourait sans postérité, il s’arrangerait — de manière à faire le sceptre sien. Ces paroles mêmes, — je les lui ai entendu dire à son gendre, — lord Abergavenny, à qui il jurait — de se venger du cardinal.

wolsey.

Que Votre Altesse daigne remarquer — ici la perfidie de ce projet. — Égarée par ses désirs, sa volonté — est profondément hostile à votre personne et menace, — après vous, vos amis.