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HENRY VIII.

anne.

Je ne sais — quel gage de ma gratitude je pourrais lui donner. — Tout ce que je suis est moins que rien. Mes prières — ne sont pas des paroles dûment sanctifiées, et mes vœux — n’ont que la valeur de creuses vanités ; pourtant des prières et des vœux, — voilà tout ce que puis lui offrir en retour. J’adjure Votre Seigneurie — de vouloir bien exprimer ma respectueuse gratitude — à Son Altesse, gratitude d’une servante rougissante — qui prie pour sa santé et pour son règne.

le lord chambellan.

Lady, — je ne manquerai pas de confirmer la noble opinion — que le roi a de vous.

À part.

Je l’ai bien examinée. — La beauté et la dignité sont tellement mélangées en elle — qu’elles ont séduit le roi. Et qui sait — si de cette dame ne doit pas sortir une escarboucle — qui illuminera toute cette île ?

Haut.

Je vais trouver le roi, — et lui dire que je vous ai parlé.

anne.

Mon honoré lord.

Le lord chambellan sort.
la vieille dame.

— Oui, c’est comme ça ! voyez, voyez ! — J’ai sollicité à la cour seize ans, — et je suis encore une solliciteuse de cour. Eh bien, je n’ai — jamais trouvé le juste milieu entre trop tôt ! et trop tard ! — pour aucune de mes demandes d’argent ; et vous, ô destinée ! — vous, toute nouvelle venue dans nos eaux (fi, fi, fi, — de ce bonheur forcé !), vous avez la bouche remplie, — avant de l’ouvrir.