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SCÈNE VIII.

la reine catherine.

Monsieur, — je suis prête à pleurer ; mais, songeant — que je suis reine (du moins je l’ai longtemps rêvé), certaine — que je suis fille de roi, je veux changer mes larmes — en traits de flamme.

wolsey.

Mais soyez patiente.

la reine catherine.

— Je le serai quand vous serez humble ; non, je le serai avant, — ou Dieu me punira. De puissantes raisons — m’induisent à croire que — vous êtes mon ennemi ; et je vous récuse : — vous ne serez pas mon juge ; car c’est vous — qui avez attisé cet incendie entre mon seigneur et moi : — puisse la rosée de Dieu l’éteindre ! Ainsi, je le répète, — dans l’insurmontable aversion de mon âme, — je vous refuse pour mon juge. Encore une fois, — je vous tiens pour mon ennemi le plus acharné, et je ne vous crois — nullement l’ami de la vérité.

wolsey.

Je confesse que je ne vous reconnais pas à ce langage, vous qui toujours — avez pratiqué la charité et donné les preuves — d’une disposition douce et d’une sagesse — au-dessus de votre sexe. Madame, vous me faites injure ; — je n’ai pas de rancune contre vous ; je ne suis injuste — ni pour vous, ni pour personne. Ma conduite, dans le passé, — comme dans l’avenir, a pour garant — les pleins pouvoirs émanés du consistoire, — oui, de tout le consistoire de Rome. Vous m’accusez — d’avoir attisé cet incendie ; je le nie. — Le roi est présent ; s’il trouve — que je mens à mes actes, il peut — à juste titre flétrir mon imposture ; oui, aussi aisément — que vous avez flétri ma véracité. Mais, s’il sait — qu’ici je suis exempt de torts, il sait aussi — que je ne suis pas exempté de la calomnie. Ainsi il dépend — de lui de fermer ma blessure ; et, pour la fermer, — il suf-