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SCÈNE III.

marguerite.

— Si le roi est d’âge, qu’est-il besoin que Votre Grâce — soit le protecteur de Sa Majesté ?

glocester.

— Madame, je suis protecteur du royaume ; — et, quand tel sera son bon plaisir, je résignerai mes fonctions.

suffolk.

— Résigne-les donc, et laisse là ton insolence. — Depuis que tu es roi (car qui règne, si ce n’est toi ?), la chose publique marche chaque jour à sa ruine ; — le Dauphin a triomphé au delà des mers ; — et tous les pairs et nobles du royaume — ont été comme asservis à ta souveraineté.

le cardinal.

— Tu as pressuré les communes ; la bourse du clergé — est appauvrie et épuisée par tes extorsions.

somerset.

— Tes somptueux palais et la toilette de ta femme — ont coûté énormément au trésor public.

buckingham.

— Ta cruauté dans l’exécution — des criminels a excédé la loi — et te livre toi-même à la merci de la loi.

marguerite.

— Ton trafic d’emplois et de villes en France, — si les faits qu’on soupçonne grandement étaient avérés, — t’aurait bientôt fait sauter la tête.

Glocester sort. La reine laisse tomber son éventail (5).

— Donnez-moi mon éventail.

À la duchesse de Glocester.

Eh bien, mignonne, vous ne pouvez pas ?

Elle donne un soufflet à la duchesse.

— Je vous demande pardon, madame : est-ce donc vous ?