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SCÈNE XIX.

mistress gué.

Sir John, nous n’avons pas eu de chance ; nous n’avons jamais pu avoir de tête-à-tête. Allons, je ne veux plus vous prendre pour amant, quelque chair que je puisse vous trouver.

falstaff.

Je commence à m’apercevoir que j’ai été un âne.

gué.

Oui, et un bœuf aussi : les preuves en existent.

falstaff.

Ce ne sont donc pas des fées ? J’ai eu trois ou quatre fois dans l’idée que ce n’en était pas ; et pourtant mes remords de conscience, le brusque saisissement de mes facultés m’ont aveuglé sur la grossièreté de la mascarade et fait croire fermement, en dépit de toute rime et de toute raison, que c’étaient des fées. Voyez maintenant à quel ridicule l’esprit s’expose, quand il est mal employé.

evans.

Sir John Falstaff, servez Tieu, et renoncez à vos convoitises, et les fées ne vous pinceront plus.

gué.

Bien dit, fée Hugh.

evans, à Gué.

Et vous aussi, renoncez à vos jalousies, je vous prie.

gué.

Je ne me méfierai désormais de ma femme que quand tu seras capable de lui faire la cour en bon anglais.

falstaff.

Ai-je donc laissé dessécher ma cervelle au soleil, qu’il ne m’en reste plus assez pour me prémunir contre une si grossière duperie ? Suis-je donc berné par un bouc gallois ? Me laisserai-je coiffer d’un bonnet d’âne welche ? Il ne me reste plus qu’a me laisser étrangler par un morceau de fromage grillé.