Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1867, tome 3.djvu/21

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14 COMME IL VOUS PLAIRA.

donné. Il me fait manger avec ses domestiques, m’exclut de la place qui appartient à un frère, et autant qu’il est en son pouvoir, mine ma noblesse native par l’éducation qu’il me donne. Voilà, Adam, ce qui m’afflige, et l’âme de —mon père, qui, je le crois, est en moi, commence à se révolter contre cette servitude : je ne la supporterai pas plus longtemps, quoique je n’aie encore pu découvrir de moyen prudent pour m’en délivrer.

ADAM, — Voici là-bas, mon maître, votre frère qui vient.

OELAKDO. — Tiens-toi un peu à l’écart, Adam, et tu entendras comme il va me secouer. [Adam se retire à l’écart.’)

Entre OLIVIER,

OLIVIER. — Eh bien ! Monsieur, que faites-vous ici ?

ORLANDO. — Rien : on ne m’apprend pas à faire quelque chose.

OLIVIER. — Eh bien, alors, que défaites-vous, Moisieur ?

ORLANDO, — Parbleu, Monsieur, je vous aide à défare ce que Dieu a fait, c’est-à-dire votre pauvre et indigie frère, avec l’aide de la fainéantise.

OLIVIER. — Ma foi, Monsieur, cherchez une meileure occupation, et en attendant ne faites rien.

ORLANDO. — Garderai-je vos cochons et mangerai-jî des glands avec eux ? Quelle légitime d’enfant prodigue ai-je dépensée, j>our que j’en sois réduit à une telle pénurie ?

OLIVIER. — Savez-vous où vous êtes, Monsieur ?

ORLANDO. —’Oh ! parfaitement bien, Monsieur ; je suif dans votre verger.

OLIVIER. — Savez-vous devant qui, Monsieur ?

ORLANDO. — Oui, beaucoup mieux que celui à qui je parle ne„sait qui je suis. Je sais que vous êtes mon frère aîné, et d’après les lois du sang-noble, vous devriez vous conduire envers moi comme un frère aîné. La courtoisie des nations admet que vous êtes mon supé-