Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1867, tome 3.djvu/429

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Orsino est de retour ; je ne pourrais le congédier que difficilement : il attend le bon plaisir de Votre Seigneurie.

Olivia. — Je vais aller le trouver. (Sort le valet.) Ma bonne Maria, fais surveiller ce compagnon là. Où est mon parent Tobie ? Que quelques-uns de mes gens prennent de lui un soin tout particulier : je ne voudrais pas qu’il lui arrivât malheur, pour la moitié de mon douaire. (Sortent Olivia et Maria.)

Malvolio. — Oh, oh ! Est-ce que vous commencez à vous rapprocher de moi ? rien moins que Messire Tobie pour me surveiller ? Voilà qui s’accorde directement avec la lettre : elle l’envoie exprès afin que je puisse lui tenir tête, car c’est à cela qu’elle m’excite dans sa lettre. « Dépouille ton humble enveloppe, dit-elle, contredis un parent. sois hautain avec les domestiques ; que ta langue clapotte d’arguments politiques, donne-toi le fion de la singularité. » Et, en conséquence, elle m’indique les façons à prendre pour cela ; une physionomie sérieuse, un port respectable, un parler mesuré à la manière de tel monsieur d’importance, et ainsi de suite. Je l’ai engluée, mais c’est par la toute-puissance de Jupiter ; puisse Jupiter me rendre reconnaissant ! Et lorsqu’elle est partie, qu’a-t-elle dit ? « Faites surveiller ce compagnon. » Elle a dit compagnon, elle n’a pas dit Malvolio, ou intendant, mais compagnon. Parbleu, tous ces détails concordent si parfaitement qu’ils ne laissent pas subsister une ombre de doute, un doute de doute, une incertitude, un détail ambigu ; qu’y a-t-il à dire à cela ? Rien, absolument rien, ne peut s’interposer entre ma personne et le but final de mes espérances. Bien, c’est Jupiter et non moi qui est l’auteur de tout cela, et c’est lui qu’il me faut remercier.

Rentre MARIA avec Messire TOBIE BELCH et FABIEN.

Messire Tobie. — De quel côté est-il, au nom de tout ce qui est saint ? quand bien même il serait possédé de tous les diables et du diable Légion lui-même, je lui parlerai.