Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1867, tome 3.djvu/434

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Viola. — Je vous tiendrai quitte de votre don.

Olivia. — Bien, reviens demain ; porte-toi bien. Un démon qui te ressemblerait mènerait mon âme en enfer. (Elle sort.)

Rentrent Messire TOBIE BELCH et FABIEN.

Messire Tobie. — Gentilhomme, Dieu te protège.

Viola. — Et vous aussi, Monsieur. Messire Tobik. — Appelle à ton aide tous les moyens de te défendre qui sont en ton pouvoir : de quelle nature sont les offenses que tu lui as faites, je ne le sais pas ; mais ton ennemi plein de ressentiment, altéré de sang comme le chasseur, t’attend au bout du jardin : mets flamberge au vent ; fais vite tes préparatifs, car ton assaillant est vif, habile et implacable.

Viola. — Vous vous trompez, Monsieur, j’en suis sûr ; personne n’a de querelle avec moi : ma mémoire est nette et claire de toute image d’offense commise par moi envers un homme quelconque.

Messire Tobie. — Vous verrez bien qu’il en est autrement, je vous assure : par conséquent, si vous attachez quelque prix à votre vie, tenez-vous sur vos gardes ; car votre adversaire est muni de tous les avantages que la jeunesse, la force, l’habileté et la colère peuvent donner à un homme.

Viola. — Quel est-il, s’il vous plait ?

Messire Tobie. — Il est chevalier, de ceux qui ont été frappés chevaliers avec une épée sans tranchant et à genoux sur un tapis, mais c’est un diable dans les querelles particulières ; il a fait faire divorce à trois âmes et à trois corps, et sa colère est telle en ce moment qu’elle ne peut se satisfaire que par les affres de la mort et le sépulcre : il faut que j’aie sa peau ou lui la mienne, est son mot ; il faut donner la mort ou la recevoir.

Viola. — Je vais rentrer en cette maison-ci et prier la dame du logis de me prêter quelque escorte. Je ne suis pas un batailleur ; j’ai entendu dire qu’il y avait certaines espèces d’hommes qui cherchaient exprès querelle aux