Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/116

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CHANT FUNÈBRE.

GUIDERIUS :

Ne redoute plus la chaleur du soleil,
Ni les colères de l’hiver furieux ;
Tu as accompli ta tâche terrestre,
Tu as fait retour dans ta patrie et reçu tes gages :
Les beaux jeunes gens et les belles jeunes filles, tous,
Doivent comme les ramoneurs aller à la poussière.

ARVIRAGUS :

Ne crains plus le courroux du puissant,
Tu es à l’abri des coups du tyran ;
N’aie plus souci du vêtement et de la nourriture ;
Pour toi le roseau est comme le chêne :
Le roi, le savant, le médecin, tous,
Doivent subir ton sort, aller à la poussière,

GUIDERIUS :

Ne crains plus le jet de l’éclair,

ARVIRAGUS :

Ni la pierre du tonnerre redoutée de tous ;

GUIDERIUS :

Ne crains plus la calomnie, la censure téméraire :

ARVIRAGUS :

Tu en as fini avec la joie et les pleurs.

ARVIRAGUS et GUIDERIUS ensemble :

Tous les jeunes amants, tous les amants doivent
Aller où tu vas, retourner à la poussière.

GUIDERIUS :

Que nul enchanteur ne te fasse de mal !

ARVIRAGUS :

Que nulle sorcellerie ne jette un charme sur toi !