Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/126

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écoutez patiemment mon dessen : — je vais me dépouiller de ces vêtements italiens, et m’habiller comme un paysan breton : sous ces habits je combattrai contre le parti avec lequel je suis venu ; et ainsi, Imogène, je mourrai, pour toi, pour loi dont le souvenir fait de ma vie une mort qui se renouvelle avec chacun de mes souffles ; et ainsi, inconnu, ni plaint, ni haï, je me présenterai à la face du péril. Je ferai voir aux hommes qu’il y a plus de valeur en moi que n’en montrent mes habits. Dieux, faites passer en moi la vigueur des Leonati ! Pour faire honte à la coutume du monde, je veux commencer la mode de cette devise, — « moins au dehors, plus au dedans. » (Il sort.)

SCÈNE II.

Même lieu.
Entrent d’un côté LUCIUS, IMOGÈNE, IACHIMO,

et l’armée romaine ; de l’autre l’armée bretonne ; LEONATUS POSTHUMUS la suit sous l’aspect d’un pauvre soldat. Ils traversent le théâtre et sortent. Alarmes. Puis entrent en combattant IACHIMO et POSTHUMUS ;

ce dernier triomphe de IACHIMO et le désarme, puis il le laisse.

IACHIMO. — Le sentiment de mon crime pèse sur mon cœur, et m’enlève toute virilité : j’ai calomnié une Dame, la princesse de cette contrée, et l’air de ce pays m’affaiblit par vengeance ; sans cela, est-ce que ce rustre, rebut même de la nature, m’aurait vaincu dans ma profession des armes ? Chevaleries et honneurs, portés comme je porte les miens, ne sont que des titres de mépris. Bretons, si vos nobles sont autant au-dessus de ce lourdaud, qu’il est au-dessus de nos Seigneurs, alors il y a entre vous et nous cette différence, que nous sommes à peine des hommes et que vous êtes des Dieux. (Il sort.)

La bataille continue ; les Bretons fuient ; CYMBELINE est