Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/133

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SICILIUS :

Ainsi qu’elle avait fait pour ses ancêtres, la grande nature

Donna à sa substance une forme si belle,

Qu’il mérita les louanges du monde,

Comme héritier du grand Sicilius.

PREMIER FRÈRE :

Lorsqu’une fois il atteignit l’âge d’homme,

Où était-il en Bretagne

Celui qu’on pouvait lui comparer ?

Ou qui était digne de paraître un désirable objet

Aux yeux d’Imogène, qui sut mieux que tous

Estimer sa valeur ?

LA MÈRE :

Pourquoi donc le raillâtes-vous par un mariage,

Pour être exilé, et chassé

De la demeure des Leonati, et banni

Loin de celle qui lui était si chère,

La douce Imogène ?

SICILIUS :

Pourquoi souffrites-vous que Iachimo,

Fils immoral de l’Italie,

Souillât son noble cœur et son cerveau

D’une inutile jalousie ?

Pourquoi permîtes-vous qu’il devînt la dupe et la risée

De la scélératesse de l’autre ?

SECOND FRÈRE :

C’est pour lui que nous avons quitté nos demeures de bienheureuse paix,

Nos parents et nous deux,

Nous deux qui, en combattant dans la cause de notre contrée,

Tombâmes bravement et fûmes tués

Pour maintenir avec honneur

Notre féauté et le droit de Tenantius.