Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/206

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LUCRÈCE 1.

Porte sur les ailes perfides d’un désir impie, l’impudique Tarquin quille l’armée romaine, et tout en hâte s’en va d’Ardée, la ville assiégée, porter à Collatium son feu encore sans clarté, mais qui, caché sous de pâles cendres, guette le moment de s’élancer et d’entourer de sa ceinture de flammes le corps de la belle bien-aimée de Collatin, Lucrèce la chaste.

Peut-être est-ce par malheur ce nom de chaste qui a si vivement aiguisé le tranchant de son irrésistible désir, lorsque Collatin ne put se retenir de vanter imprudemment ce mélange incomparable de rose et de blanc qui triomphait dans le ciel de sa félicité, où des astres moitels aussi brillants que les magnificences du ciel lui réservaient à lui seul l’hommage de leur pur éclat.

En effet, la nuit précédente, sous la tente de Tarquin, Collatin a dévoilé le trésor de son heureux ménage ; il a dit quelle richesse sans prix le ciel lui avait donnée en lé mettant en possession de sa belle compagne, et il a estimé sa fortune à un taux si élevé que les rois peuvent bien être mariés à plus de gloire, mais que ni roi ni pair ne pourraient être unis à une aussi incomparable dame.

O bonheur qui n’est le partage que de quelques-uns 1

. Le poëme de Lucrèce parut en 1 594. Trois autres éditions suivirent en 4 598, -1600 et -K507. Le succès dé ce poëme paraît avoir été cgiiij sinon supérieur, à celui de Venus et Adonis.

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