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Page:Shelley - Œuvres en prose, 1903, trad. Savine.djvu/73

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ŒUVRES EN PROSE

Mais j’ai montré que ces demandes sont fondées sur la vérité et la justice, qui sont immuables, et qui, dans la ruine des gouvernements, renaîtront de leurs cendres comme un phénix.

Quelqu’un est-il disposé à contester la possibilité d’un changement heureux dans la société ? Dira-t-on que la nature de l’homme est corrompue, et qu’il a été fait pour être misérable et méchant ?

Soit ! Si certaines que soient les affirmations opposées, je veux bien concéder pour un moment cette supposition.

Quels sont les moyens que je propose pour une amélioration ? La violence, la corruption, la rapine, le crime ? Est-ce que je fais le mal pour que le bien en sorte ? J’ai recommandé la paix, l’amour des hommes, la sagesse. Si mes arguments ont quelque portée, c’est dans ce sens-là, et si maintenant il se trouve quelqu’un pour dire que les vices des particuliers font le bien de l’État, et que la paix, l’amour des hommes, et la sagesse, en gagnant du terrain, ruineront l’espèce humaine, qu’il se complaise dans son charmant enfer ; pour moi, si j’étais cet homme, j’envierais à Satan son enfer.

La sagesse et la charité dont je parle sont les seuls moyens que je conseillerai pour le redressement de vos griefs et des griefs de l’univers. Si étendue que soit leur influence, je consens à assumer la responsabilité de leurs mauvais effets. Je m’attends à ce qu’on m’accuse de désirer le renouvellement en Irlande des scènes d’horreur révolutionnaire qui ont marqué les convulsions de la France, il y a vingt ans. Mais c’est la réapparition de cette