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Page:Shelley - Œuvres en prose, 1903, trad. Savine.djvu/77

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ŒUVRES EN PROSE

Un journal de Limerick, qui, à ce que je suppose, fait profession de soutenir certains principes de liberté, comme l’entendent le loyalisme et John Bull, contient dans un essai en faveur de la liberté de la presse, le paragraphe suivant :

« Quant à la licence effrénée de discussion, nous ne l’avons jamais défendue, et jamais nous ne la défendrons ».

Qu’est-ce qu’une licence effrénée dans la discussion ? N’est-ce pas une désignation aussi indéfinie que celles d’injure, de reproche, de diffamation, qui laissent tant de latitude aux attaques connues contre la libre expression de l’opinion individuelle ?

Ne voit-on pas que ce qui est raisonnable se tient debout par sa propre raison, que ce qui est vrai est soutenu par sa vérité, que ce qui est sot tombera sous sa propre sottise, que ce qui est mensonger tombera sous son propre mensonge ?

La liberté ne gagne rien aux réformes des politiciens de ce modèle, pas plus qu’elle ne gagnerait à un changement de ministres à Londres. Ce qui est maintenant injure et diffamation, deviendrait sous le régime de ce libéral de Limerick « de la licence effrénée dans la discussion » et voilà l’énorme avantage que propose de réaliser cet intraitable champion de la liberté.