Page:Shelley - Œuvres poétiques complètes, t1, 1885, trad. Rabbe.djvu/112

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106 OEUVRES POÉTIQUES DE SHELLEY

excité aux mêmes recherches qui m’ont amené à cette foi morale et politique, qui est aussi celle de quelques-uns des plus sublimes esprits du monde. Ce poème, à l’exception du premier chant, qui est une pure introduction, est donc narratif, non didactique. C’est une suite de tableaux où se déroulent : le développement progressif d'un esprit individuel aspirant à la perfection, et dévoué à l’amour de l’humanité ; ses efforts pour affiner et purifier les plus audacieuses et les plus singulières impulsions de l’imagination, de l’entendement et des sens ; son impatience de toutes les oppressions qui ont paru sous le soleil ; sa tendance à réveiller l’espérance publique, à enthousiasmer et améliorer l’espèce humaine ; les rapides effets de l'application de cette tendance ; le réveil d’une immense nation de l’esclavage et de la dégradation à un vrai sentiment de la dignité morale et de la libellé ; le détrônement non sanglant de ses oppresseurs, et la révélation des mensonges religieux qui l’avaient réduite en servitude ; la sérénité du patriotisme triomphant, l’universelle tolérance et bienveillance de la vraie philanthropie ; la déloyauté et la barbarie du soldat mercenaire ; le vice devenant l’objet non du châtiment et de la haine, mais de la bonté et de la pitié ; le caractère sans foi ni loi des tyrans ; la ligue des maîtres du monde et la restauration par les armes étrangères d’une dynastie expulsée ; le massacre et l’extermination des patriotes, et la victoire du pouvoir établi ; les conséquences du despotisme légal, guerre civile, famine, fléaux, superstition, et une complète extinction des affections domestiques ; le meurtre juridique des avocats de la liberté ; le triomphe temporaire de l’oppression ; le présage assuré de sa finale et inévitable chute ; le caractère transitoire de l’ignorance et de la teneur, et l'éternité du génie et de la vertu. Telle est la suite des esquisses qui composent ce poème. Si les passions élevées que j’ai eu pour but de développer dans ce récit n’excitent pas dans le lecteur une généreuse impulsion, une soif ardente de la perfection, un intérêt fort et profond pour un but si élevé. il ne faudra pas en imputer la faute