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LAON EY CYTHNA 123

III

Ecoutez ! C’est le sifflement d’un vent qui balaie la terre et l’Océan ! Voyez ! les éclairs entrouvrent le ciel d’où tombe un déluge d’eau et de feu, pendant qu’au-dessous les abîmes fouettés étincellent et bouillonnent ! La tempête continue de faire rage : impétueux torrent, trombes et vagues bouleversées, éclair et grêle, et ténèbres tourbillonnantes ! — Il se fait une pause. — Les oiseaux de mer, qui s’étaient retirés dans leurs cavernes pour crier, sortent pour voir quel calme est tombé sur la terre, quelle lumière brille dans le ciel !

IV

Car, à l’endroit où l’irrésistible ouragan a déchiré ces ténèbres pleines d’épouvante, on voyait un coin de ciel bleu, découpé d’une multitude de beaux nuages très délicatement entrelacés ; et le vert Océan, sous cette ouverture de bleu pur, frémissait comme une émeraude enflammée. Partout en bas le calme était répandu ; mais bien loin en haut, entre la terre et l’air supérieur, les vastes nuages fuyaient, innombrables et rapides comme les feuilles dispersées par une tempête d’automne.

V

Et toujours, à mesure que la lutte devenait plus furieuse entre les tourbillons et les nuages d’en haut qui fuyaient, l’ouverture devenait de plus en plus sereine ; la lumière bleue perçait la trame de ces nuages blancs, qui semblaient couchés au loin, profonds et immobiles ; pendant qu’à travers le ciel le pâle demi-cercle de la lune passait dans sa lente et mobile