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292 OEUVRES POÉTIQUES DE SHELLEY

pourrez prier, afin que par ce sacrifice la colère desséchante de Dieu (1) puisse être apaisée. » — II se lut, et un instant l’auditoire resta silencieux, pendant qu’au loin, courant de rang en rang, les échos de sa voix expiraient ; puis il s’agenouilla dans la poussière, murmurant toujours les malédictions de son muet orgueil, pendant que la honte et la terreur séparaient les armées.

XL

Sa voix fut comme une trombe qui fit éclater les portes du fabuleux enfer ; et, pendant qu’il parlait, chacun vit s’ouvrir sous lui les goufires de feu immortel, et en haut le Ciel semblait se fendre, laissant voir un trône entouré d’ouragans et d’ombres, sur lequel Dieu était assis, le seul Dieu (2), leur Roi et leur Juge. Alors la crainte tua dans chaque poitrine tonte pitié naturelle, une crainte inconnue jusqu'alors ; et embrasés d'un feu intérieur, ils entrèrent dans une rage semblable à celle de bêtes sans asile cernées par les bois incendiés.

XLI

C’était le matin. — A midi, le crienr public vint faire cette proclamation au milieu des vivants et des morts : « Le Monarque dit que la fortune de son grand empire repose sur la tète de Laon et de Laone. Celui qui pourra amener ici vivant l’un des deux seulement, ou qui leur arrachera à tous deux la vie du cœur, sera l'héritier du royaume, — une glorieuse récompense ! Mais celui qui les amènera tous deux ici vivants épousera la Princesse, et régnera l’égal du Uoi. »

(1) Révolte de l'Islam : « du Ciel ». {2) Révolte de l'Islam : : •- sur lequel était seul assis leur Roi et leur Juge ».