Page:Siefert - Les Saintes Colères, 1871.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


— Non, non, dans tous les cœurs l’hymne se change en cri,
La terre sous nos pieds brûle, gronde, tressaille,
Car de coups de canon l’horizon est meurtri :
La France est le champ de bataille !

Dieu ! qui pourrait songer à ses propres douleurs,
Quand la Patrie est là déchirée et sanglante ?
Pour une autre souffrance où donc trouver des pleurs ?
Que dire, qu’appeler la revanche trop lente ?

Ô France ! ils sont venus nombreux et triomphants,
Ils t’ont visée au cœur du bout de leur épée,
Ils veulent maintenant te voler tes enfants,
T’avilir comme ils t’ont frappée.

Debout ! relève-toi de ces derniers vingt ans,
Souviens-toi de l’Argonne et de quatre-vingt-douze,
À tous ces ennemis, ô France, il en est temps,
Sache donc te montrer de ton honneur jalouse.

De ta robuste main reprends ton vieux drapeau,
Déroules-en les plis dans le vent héroïque,
Pour qu’au moins nous mourions comme Hoche ou Marceau
En acclamant la République !


15 août 1870.