Page:Siefert - Les Saintes Colères, 1871.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et leur glaive, inhabile à bien servir leur haine,
A tout d’abord frappé, tordu, brisé sa chaîne :
Elle est libre pour le réveil !

Comment n’ont-ils pas vu l’œuvre de leur démence ?
Ne comprennent-ils pas que la guerre commence,
Et, devant la Patrie en deuil
Qui presse de la main sa blessure béante,
N’ont-ils pas frissonné de honte et d’épouvante ?
Comment donc ont-ils tant d’orgueil ?
Est-ce qu’ils ont si mal appris leur propre histoire ?
Nous faut-il de nouveau leur remettre en mémoire
Les fastes de la liberté ?
Et quoiqu’ils aient gagné les premières étapes,
Ressusciterons-nous Valmy, Fleurus, Jemmapes,
Pour confondre leur vanité ?

Sans doute ils sont puissants, et leur audace est grande,
Il se peut même encor qu’au droit elle commande
Aujourd’hui, peut-être demain ;
Il se peut que le sort trompe notre courage,
Que jusqu’au lieu marqué pour laver tant d’outrage,
Nous devions faire un long chemin ;

Mais plus lente elle vient, plus la justice est sûre.
Passent les jours, les mois, les ans ! L’heure future
A déjà sonné sur nos fronts.
Nous saurons bien l’attendre et prendre patience ;