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LUNE D’AVRIL.


Il s’en va retroussant sa robe
Le long de l’humide sentier
Et, de ci de là, se dérobe
Entre le houx & l’églantier.

Je le vois errer d’arbre en arbre
Comme un doux poëte étonné,
Et prêter des blancheurs de marbre
Au banc de pierre abandonné.

C’est ici que, las de sa course,
Rêveur il s’assied longuement,
Jetant aux flots clairs de la source
De la poudre de diamant.

Il endort les roses fleuries,
Il verse la rosée aux lys,
Il étend des blés aux prairies
Son manteau d’argent aux longs plis.

Ainsi promeneur pâle & triste,
Hôte des tombeaux délaissés,
Ami du chat & de l’artiste,
Protecteur des nids menacés,