Page:Siefert - Les Stoïques, 1870.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
LES STOÏQUES.


Et les souffles subtils pleins d’odorante flamme,
Qui font pâmer les fleurs sur le foin renversé,
Savent encore emplir de vertiges mon âme,
Lyre toujours vibrante au contact du passé.

Dans la nuit palpitaient des ailes de pensées,
Comme si mille oiseaux, se croisant sur mon front,
Avaient chanté pour moi leurs hymnes cadencées,
Avant de s’envoler au ciel clair & profond.

— Pourquoi rire ? les pleurs sont si près de la joie.
Dans l’ombre douloureuse où le sort l’a jeté,
Il n’est espoir si cher que mon cœur ne renvoie ;
Il n’est amour si pur dont mon cœur n’ait douté.

— Pourquoi pleurer ? la joie est si proche des larmes.
Toute ombre dans son sein porte l’espoir du jour.
Il n’est malheur si rude où ne soient quelques charmes,
Il n’est bonheur si doux qu’on ne doive à l’amour.

— Pourquoi chercher en vain une paix éphémère ?
Ouvrir trop tôt son cœur, ou trop tôt le fermer ?
Voici la vision, l’idéal, la chimère :
Rire, pleurer, chanter & toujours plus aimer !