Page:Siefert - Rayons perdus.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pour elle, être à mon tour ce qu’est pour moi ma mère,
Et, comme par un souffle, en cette vie amère,
Sentir les maux guéris & les pleurs essuyés
Par le bruit de l’enfant qui jouerait à mes pieds ;
Être le but, la vie & l’âme de cette âme,
L’instruire de ma foi, l’échauffer de ma flamme
Et ne rien demander que sa joie en retour,
Quel rêve, encor plus doux que celui de l’amour !
Des larmes sourdent presque au bord de ma paupière
Quand je pense à l’enfant qui me rendrait si fière,
Et que je n’aurai pas, que je n’aurai jamais ;
Car l’avenir, cruel en celui que j’aimais,
De cette enfant aussi veut que je désespère.
Pourtant elle eût porté le nom de mon grand-père,
Je l’aurais appelée Olympe comme lui.
Doux & brillant reflet du rayon qui m’a lui
Dans les jours d’autrefois, les jours de mon enfance,
Ce nom, porté par elle, à sa fraîche innocence
Se serait rajeuni de nouveau pour longtemps ;
Écho de la vieillesse & chanson du printemps,
Fleur nouvelle naissant de la plante brisée,
Matin tout emperlé des pleurs de la rosée,
Prestige du passé, rêve de l’avenir,
Vie & mort, jour & nuit, espoir & souvenir !