Page:Siefert - Rayons perdus.djvu/56

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Oh ! ma force est vaincue & mon cœur déchiré !
Grâce aujourd’hui, mon Dieu ! j’en ai trop enduré.

Peut-être je ferais par mes soins, ma tendresse
Ce que les autres n’ont pas fait. Une caresse,
Un murmure, un regard doux & compatissants
À calmer la douleur sont souvent si puissants !
Un sourire… qui sait ce que peut un sourire ?
Oh ! je le guérirais, l’amour a tant d’empire,
L’amour !… il n’y croit point, je le sais aujourd’hui,
Mais que m’importe à moi, je ne pense qu’à lui !
Il est malade, il souffre & je ne puis rien faire,
Rien pour le soulager, rien même pour lui plaire.

S’il s’arrête un instant lorsqu’il vient à passer,
En silence, je sens mes larmes s’amasser
Et me brûler le cœur en tombant goutte à goutte.
Quel que soit le tourment que j’y trouve sans doute,
Ah ! je préfère encor l’entendre, lui parler,
Prendre ma faible part de ses peines, mêler
À ses soupirs les miens, trembler pour lui, le plaindre,
Chercher dans l’avenir ce que nous devons craindre
(Car c’est presque un lien qu’un même désespoir),
Et, malgré tout, je sens qu’il m’est doux de le voir.