Page:Silvestre - Histoires belles et honnestes, 1883.djvu/157

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Aussitôt bénis par le prêtre, les nouveaux épousés résolurent d’aller passer un mois dans ce beau pays de Touraine, lequel demeure, quoi qu’on en puisse dire, le vrai jardin de la France. Mais les chemins de fer n’étaient pas inventés encore et ils durent se contenter d’un carrosse, mal suspendu d’ailleurs, pour effectuer ce long voyage. En y montant, je ne vous célerai pas qu’Isabeau redoutait les impatiences juvéniles de Bignolet qui n’avait pas encore touché ses arrhes conjugales. Mais, contre son attente, Bignolet fut le plus raisonnable du monde et se contenta de sommeiller doucement jusqu’à la première ville où ils firent halte. – « Je le savais bien, pensa-t-elle, que, malgré sa modeste origine, c’était un homme bien élevé. Un de ces malotrus de seigneurs que j’ai connus m’eût certainement violée dans ce coche ! » L’auberge où ils descendirent était la meilleure de la cité, mais les lits y étaient