Page:Silvestre - Histoires belles et honnestes, 1883.djvu/171

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et l’ambition sans scrupule. Il tenta ensuite la pêche à la ligne, mais un gardon ne pouvait pas effleurer son amorce que, dans la transparence verte des flots, il ne crût apercevoir deux cadavres flottants entre deux eaux et pris par les cheveux à son hameçon. La science lui restait et il se rua dans la science. Cette *alma parens*, comme dit M. Bouguereau, le reçut avec bienveillance dans son sein, ce qui évoque une singulière image, mais l’expression est consacrée. Bergace étudia, comme peut le faire un bon bourgeois qui ne peut donner à ce genre de travaux que les loisirs d’une vie d’ailleurs laborieusement occupée. Les œuvres d’Arago, qui ne demandent pas une grande culture antérieure, le charmèrent infiniment et, comme il ne s’en rapportait pas même à ses confrères en science, mais aimait à expérimenter directement, il acheta un tas de lorgnettes coûteuses pour examiner les étoiles pendant les calmes nuits d’été. Il commença même à écrire et obtint une mention honorable au concours de l’Institut de Pont-à-Mousson. C’est ainsi qu’il ébaucha une petite renommée provinciale, laquelle devait toujours aller en grandissant.