Page:Silvestre - Histoires belles et honnestes, 1883.djvu/226

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rayonnante de l’inconnu qui la tente et comme attirée vers les fleurs d’un abîme. Telle elle marchait dans la clarté de sa joie et la lumière de son amour, penchée pudiquement sur le cavalier qui avait pris la forme de son rêve ; et lui, son air était triomphant et d’une insolence douce. Un écriteau les fit entrer chez Mme Minaret. Ils y trouvèrent précisément ce qu’ils cherchaient, un logement au troisième, en plein soleil, avec un balcon pour mettre des fleurs, celui-là même dont la damoiselle de Vaudoré avait précieusement omis de payer les termes. Comme on achevait de conclure la location, le hasard fit qu’on sortit l’infortuné Gontran de sa détestable retraite pour nettoyer sa cage. A peine la sensible Eva l’eut-elle vu qu’elle se prit pour l’oiseau délaissé d’une tendresse et d’une pitié sans pareilles.

– Oh ! la pauvre bête ! fit-elle. Comme elle est déplumée ! Ne pourrait-on lui mettre de la ouate sur les ailes ?

– Voilà un gaillard dont je voudrais bien me débarrasser, répondit philosophiquement Mme Minaret.

– Oh ! mon Maurice ! achetons-le ! reprit la charmante créature. Nous ferons une bonne action ! cet