Page:Silvestre - Histoires belles et honnestes, 1883.djvu/239

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tu es en ma compagnie et cela suffira à te faire considérer de tous. Je ne te défendrai pas, quand la glace sera rompue, de faire l’éloge de ta maison à tous mes nobles compagnons. Une clientèle superbe que je te mets là dans la main ! Une vraie fortune ! Tu t’y prendras finement en disant par exemple, aux gens : - Cher comte, où avez-vous acheté cet habit à la française ? Vous êtes mis comme un cocher de fiacre ! ou bien : - Marquis renoncez donc franchement à la Belle Jardinière et laissez-moi faire vos pantalons. Je ne te donne pas deux heures pour être à tu et à toi avec ce que Pesth contient de plus gommeux et pour emporter des commandes de quoi occuper le reste de tes jours !

Cette perspective faisait baver de joie le pauvre Mathias. Voir une redoute et faire des affaires en même temps ! S’enrichir en s’amusant ! Le tailleur leva vers le Madgyar un regard mouillé de larmes de reconnaissance.

- Habillons-nous ! dit le prince, en répondant, avec beaucoup de bienveillance à cette silencieuse effusion.

Deux heures après, Mathias était entré dans la peau de l’ours où de robustes mains l’avaient consciencieusement