Page:Silvestre - Histoires belles et honnestes, 1883.djvu/82

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comme lui, cette créature à la fois belle et joyeuse, pleine de droiture et de santé, appétissante et cordiale, un vrai sourire de chair sur lequel volait sans cesse la poésie d’une chanson. Ah ! l’aimable fille avec ses grands yeux bleus regardant bien en face, sa bouche dont les moues elles-mêmes appelaient le baiser, sa main grassouillette et aristocratique de dessin toujours tendue, sa gorge dont les éclats de sa gaîté n’ébranlaient pas les marbres roses et vivants, ses reins cambrés dont l’arc avait les lignes pures de celui de Diane, son… non ! mais vous me laisseriez aller comme ça jusqu’à demain ! Et si le baron me giflait, iriez-vous vous battre pour moi ? C’est qu’il est fort jaloux, le baron ! Et il a tort. Car sachez que je viens de vous faire un conte. Je n’ai jamais vu ni les reins ni la gorge de Mme des Etoupettes qui est la plus vertueuse du monde ; seulement je les ai devinés, parce que la beauté de la femme a des logiques inflexibles et que l’homme d’expérience restitue à coup sûr, dans la splendeur de leur nudité, toutes les merveilles qu’elle nous cache et garde à son seul époux. Je vous ai fait un conte, mais je maintiens ce que j’ai dit. Un ménage