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Chroniques du Temps passé.

fort que le pauvre Cucufa, craignant que le monde en fût attiré, s’était réfugié sous l’auvent de la maison voisine, celle de Guillaume Bignolet, juste au moment où dame Mathurine, qui était, comme vous le savez, une ménagère accomplie, entr’ouvrait la porte pour précipiter de loin un seau d’eau grasse dans le ruisseau qui coulait au milieu de la rue étroite. Le gentilhomme avait tout reçu dans ses chausses de velours, et, comme il n’avait pas eu le temps d’en changer avant de reprendre son service auprès de sa royale maîtresse, dame Marie d’Anjou se demanda toute la soirée comment une si forte odeur de bouillon pouvait sortir de la culotte de son favori.

Un homme qui n’était pas content du toutes les rigueurs de la jeune fille, c’était maître Mathieu Clignebourde, qui ne désirait rien tant que d’en être débarrassé par un gendre riche auquel il rendrait sa compagnie insupportable pour en avoir quelque bonne pension. Et il se voyait déjà, dans ses rêves, mieux fourni d’argent et plus indépendant, ce qui seulement lui manquait pour courir le guilledou à son appétit. Mais voyez un peu ! Cette Isabeau qui ne voulait pas entrer dans ses vues ! Décidément tous les enfants sont des ingrats !

Guillaume, au contraire, n’était pas mal satisfait.