Page:Silvestre - Le Conte de l’Archer, 1883.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
164
Chroniques du Temps passé.

Voilà justement votre femme qui rentre pour en écouter la lecture.

En effet, dame Mathurine refermait la porte sur elle. Elle savait déjà qu’un homme venu de loin apportait des nouvelles de son fils, car le messager avait dû s’adresser à plusieurs personnes dans la ville avant de découvrir la demeure du tanneur.

— Mon enfant ! Mon enfant est vivant ! fit-elle en se précipitant vers l’inconnu, anxieuse et toute à son impatience maternelle.

— L’archer Tristan est sain et sauf, ou du moins l’était-il quand j’ai quitté Paris, répondit celui-ci.

— Quel bonheur !

Et la pauvre femme se rua dans les bras de maître Guillaume qui, à sa grande surprise, ne lui rendit que fort peu son étreinte et garda l’air préoccupé d’un homme ayant tout autre chose dans l’esprit que les saintes joies de la paternité.

Quiconque eût pu regarder derrière la haie, du côté de la maison de Mathieu Clignebourde, eût pu voir Isabeau élever vers le ciel un regard de reconnaissance et poser en même temps sa petite main sur son cœur, lorsqu’elle entendit enfin que Tristan était vivant. Car, grâce aux bavardages du tanneur, elle n’en savait vraiment rien encore.