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Chroniques du Temps passé.

contenait, qu’au risque d’égratigner son frais visage elle l’encadra plus avant encore dans la haie où les fils d’or de sa chevelure se mêlèrent aux tiges vertes et flexibles des liserons. Et, pour qui l’eût pu voir, rien n’était plus charmant que cette tête enfantine encore dont la bouche semblait une mûre pendue à ces buissons et dont les joues avaient, sur ce fond de verdure, le ton frais des églantines sauvages.

Dame Mathurine, elle, s’était assise, et le mendiant, qui avait dérobé de son dîner un beau croûton de pain qu’il avait glissé dans son haut-de-chausse, le grignotait du bout des dents sans faire de bruit avec ses mâchoires.

Et maître Guillaume commença de lire ce qui suit :

« Il s’en va temps, mes chers amis, qu’après tant de jours écoulés….

— Que de jours en effet ! soupira dame Mathurine.

— Taisez-vous, ma mie ! reprit le tanneur, et il continua :

« Tant d’événements accomplis et tant de périls vaincus – (oh ! oh ! je vois que mon fils s’est couvert de gloire !) – je vous donne enfin de nos nouvelles et vous dise ce qu’il nous est advenu,