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Chroniques du Temps passé.

noces de quelque riche bourgeois, pour les pièces de monnaie qu’il a recueillies, aux coucous et aux pavots du chemin qui le regardent passer en dansant, avec leurs yeux jaunes et rouges.

Dame Mathurine aussi ne partageait que bien peu l’indignation du tanneur, lequel murmurait d’une voix méchante :

— Ainsi ce félon duc de Bourgogne ose emprisonner son suzerain ! Et mon fils Tristan n’est pas là pour le délivrer ! À quoi pense ce frère Étienne ? La volonté de Dieu est bien évidente cependant. De même qu’il avait fait surgir Jeanne, la bonne Lorraine, pour secourir le roi Charles VII et châtier l’impudence des Anglais, il avait certainement choisi mon Tristan pour rendre le même office au roi Louis, fils de ce Charles, et repousser les envahissements du Téméraire. Et je n’en veux pour preuve que la merveilleuse continence de mon fils devant les séductions des hautes dames de Tours, continence que j’ai bien imprudemment