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Le Conte de l’Archer.

nous y reposer ensemble, ou mieux faire à votre gré.

Ainsi devisaient entre eux ces braves gens, pendant les longues veillées d’hiver près de l’âtre, sous les tonnelles verdoyantes pendant les claires soirées d’été.

Or Noël étant venu, où la mode était déjà d’offrir aux enfants de jolis cadeaux pour symboliser à leur jeune mémoire les bienfaits apportés au monde par le Christ descendant dans son rustique berceau, Tristan et Isabeau attendaient, avec une anxiété bien grande, ne sachant quel don leur écherrait à l’un et à l’autre et faisant mille efforts pour le deviner. Le moment enfin arrivé, la petite fille poussa un cri de joie en découvrant, couché en travers de ses souliers mignons, un pantin dont la grimace était la plus riante du monde.

Tout au contraire, le pauvre Tristan eut grand’peine à retenir ses larmes en apercevant la vilaine invention que son père avait eue pour le réjouir, ayant fait construire par un armurier de Tours, célèbre par son habileté, une petite couleuvrine avec son attirail complet, à savoir un caisson, un écouvillon et tout ce qui était nécessaire pour lui faire faire feu ainsi qu’à une véritable.