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Chroniques du Temps passé.

monie ; et çà et là, le terrain découvert par quelque accident y faisait une moucheture noire comme sont les belles taches de l’hermine sur le dos des magistrats. Aux arbrisseaux pendaient de fines dentelles de givre qui se diamantaient aux rayons de l’aurore et semblaient un voile où la fiancée vient de pleurer ses pudiques larmes, et tout le long des branches des gros chênes courait un ruban blanc dont se doublait leur écorce noire et dépouillée. Enfin sur les lourds feuillages des sapins se balançaient des panaches comme ceux qui flottent au front des mules du saint-père un jour de grande bénédiction.

Le bruit des cloches lointaines sonnant la venue du Sauveur mourait délicieusement dans l’air traversé de brumes opalines ; les oiseaux piaillaient mélancoliquement, en dessinant des feuilles de trèfle sur la neige avec leurs petites pattes engourdies. À l’orient, le ciel d’émeraude