Page:Silvestre - Le Conte de l’Archer, 1883.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
33
Le Conte de l’Archer.

vinaigrée, ce qui est un remède suprême en pareil cas. Mathieu Clignebourde, après s’être tâté de tous les côtés pour s’assurer qu’il n’était pas mort du coup, contemplait avec désolation son habit fortement brûlé sous les manches. Frère Étienne, ayant ramassé rapidement sa gourde, achevait de la vider dans son gosier.

Et Tristan, toujours à la même place, était immobile sous le regard railleur d’Isabeau que le bruit de la couleuvrine avait ramenée à sa fenêtre.

Enfin Guillaume aperçut son fils. D’un geste il imposa silence à tous et leur montra l’enfant en extase.

— Seul, dit-il, il n’a pas reculé d’un pas ! Mon Tristan sera un héros ! Et, se levant, le tanneur alla au-devant de son fils et le serra convulsivement dans ses bras.

Tristan, enfin réveillé, se laissa couvrir de caresses.

Le lendemain, grâce au tanneur, il n’était bruit dans la ville que du goût précoce de son fils pour le métier des armes. Tout le monde savait que le petit Tristan avait demandé à genoux à son père une couleuvrine et que, dans sa première ardeur, il avait failli bombarder la ville de Chinon tout entière. Il avait fallu que tous les voisins fei-