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Chroniques du Temps passé.

célébrée par quelques chanteurs enroués qui prenaient devant elle des poses de favoris et de bouffons !

— Qu’ils étaient loin les jours de la Dame de Beauté, devant laquelle le brave Xaintrailles lui-même avait fléchi le genou, qui faisait mentir les astrologues pour rendre à son royal amant l’espérance perdue, aimant son pays comme Jehanne la bonne Lorraine, cœur de Française dans un corps de déesse grecque ! C’était là, dans ce lieu désormais plein d’ombre, qu’avait rayonné l’or clair et vivant de sa chevelure, que les choses elles-mêmes avaient pris à son bleu regard je ne sais quoi de vibrant et de doux. C’est là qu’elle avait trôné à l’heure où tout était ruines, non pas mêlant son deuil inutile au deuil de la patrie vaincue, mais ranimant les cœurs, réveillant la foi, gardant comme la vestale romaine, et pareil au feu sacré, l’héritage d’esprit, d’art, de poésie, d’idéal sans lequel il ne sera jamais de France !

Telle, au cœur même de notre doux pays, elle entretenait le foyer de tout ce qui nous fait vivre, gardant pure une goutte de ce sang vermeil comme celui de nos vignes !

Telle, elle brillait dans cette nuit, l’emplissant de la seule clarté de son front, tandis qu’au