Page:Silvestre - Le Pays des roses, 1882.djvu/10

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JE sais, au profond de mon être,
Un coin plein d’immortelles fleurs,
Oasis où nul ne pénètre
Que le soleil et l’aube en pleurs.

Je sais un jardin plein de roses
Au cœur comme le mien ouvert,
Et qui, dans les hivers moroses,
Gardent un printemps toujours vert.

Elles sont rouges, et leur sève
Est comme un sang au mien pareil ;
Leur parfum flotte avec mon rêve
Dessus leur calice vermeil.

Sœurs vivantes de mes pensées,
Je les retrouve en moi toujours,
Toujours tremblantes et blessée
Au souffle amer de mes amours.

Alentour de leur tige frêle
Mes chansons viennent se poser
Et les font vibrer sous leur aile
Avec un bruit lent de baisers.