Page:Silvestre - Poésies 1866-1872, 1880.djvu/269

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I


D’AUTRES peuvent servir la beauté dont je meurs
Et tomber tour à tour du faîte de leur rêve,
Avec des cris profonds ou de vaines clameurs :
—Plus haut qu’eux, en plein ciel, mon rêve, à moi, s’achève.

Depuis que, demeuré sans guide par l’air bleu,
Pour expier l’affront de l’avoir contemplée,
S’abaissant pour jamais, ma paupière brûlée
Enferma sous mon front la vision du feu,

Je n’ai jamais maudit, dans mon cœur solitaire,
Ni son éclat mortel, ni la hauteur des cieux,
Comme l’aigle aveuglé qui vient heurter la terre
Quand le soleil trahit l’audace de ses yeux ;

Mais, sous la nue immense et par l’azur rebelle,
L’œil sans lumière, au fond de l’éternel séjour,
Je vais conter aux dieux qu’Elle seule étant belle,
Loin d’Elle mes regards n’ont plus souci du jour !