Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/142

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peu trop serré ; tous cependant n’avaient personnellement aucun respect pour les défenses qui étaient en vigueur à leur époque.

Si la génération dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui prend sa connaissance de la conduite de l’antiquité pour s’y regarder comme dans un miroir, (elle constatera) qu’elle est loin d’être entièrement conforme (à l’antiquité). Les empereurs et les rois[1] ont observé des rites différents et se sont appliqués à des œuvres diverses, mais ils ont pris pour règle essentielle d’accomplir des actions méritoires[2] ; comment pourrait-on dire que (notre génération) s’attache (au même principe) ? Si l’on examine pour quelles raisons les uns ont obtenu les honneurs et la faveur et pour quelles raisons les autres ont été dégradés et couverts de honte, on verra ainsi qu’il y a eu de notre temps une forêt de fautes commises. Comment serait-ce bien conforme à ce que nous avons appris sur les anciens temps ?

Ainsi donc, j’ai observé avec soin (les familles seigneuriales) depuis leur commencement jusqu’à leur fin et j’ai exposé ce texte sous forme de tableau. Il y a un assez grand nombre de familles dont on n’atteint pas l’origine ou la fin ; j’ai exposé ce qui était clair ; les choses douteuses, je les ai supprimées. Dans la suite, si quelque sage désire remonter (à ces événements) et les débrouiller, il pourra se servir de (ce tableau) pour les regarder[3].

  1. Les cinq empereurs et les trois premières dynasties de l’antiquité.
  2. Cette idée revient souvent sous des formes diverses chez Se-ma Ts’ien : dans l’antiquité, les diverses dynasties qui se sont succédé ne se sont pas imitées les unes les autres ; elles ont observé des règles différentes ; cependant elles se ressemblent en ceci qu’elles ont eu pour principe directeur de leur conduite le ferme désir de bien agir.
  3. Dans le tableau de Se-ma Ts’ien, les 143 marquisats créés sous le règne de l’empereur Kao-tsou sont rangés dans l’ordre chronologique suivant lequel ils furent institués. Pour faciliter les recherches, j’ai rangé ces marquisats par ordre alphabétique, en mettant entre parenthèses, avant le nom de chaque marquisat, le numéro d’ordre qu’il possède dans le tableau des Mémoires historiques ; si l’on prend un exemplaire des Mémoires historiques et qu’on numérote de 1 à 143 tous les marquisats dont il est parlé dans ce chapitre, il sera très facile de retrouver dans le texte chinois les caractères qui expriment les noms propres ; j’ai donc jugé inutile de les reproduire ici. Je n’ai conservé de ce tableau que les noms et les dates ; j’ai supprimé l’énumération des actions d’éclat qui firent ennoblir les premiers marquis, et celle des fautes qui firent dégrader leurs derniers descendants. Dans les notes, j’indique les variantes que présente le XVIe chapitre du Ts’ien Han chou et je désigne ce texte simplement par la lettre B. — La date qui suit le nom d’un marquis indique l’année où ce personnage devient titulaire du marquisat ; les noms posthumes sont précédés d’un astérisque. J’ai adopté le même système pour les trois tableaux suivants. — Tout en réduisant sous la forme la plus concise possible ces quatre chapitres des Mémoires historiques, je n’ai pas cru pouvoir les supprimer entièrement, car, malgré leur aridité, ils contiennent plusieurs renseignements utiles : en premier lieu, les Mémoires historiques citent souvent tel ou tel marquis sans donner son nom ; en se reportant à nos tables, on trouvera qui était, à l’époque dont on parle, le titulaire du marquisat cité ; c’est pour faciliter cette recherche que j’ai adopté l’ordre alphabétique ; on rétablira d’ailleurs sans peine l’ordre chronologique de l’institution des divers marquisats en dressant des listes suivant la série des nombres écrits entre parenthèses. En second lieu, la plupart des hommes qui jouèrent un rôle important sous les premiers empereurs Han eurent le titre de marquis ; les tableaux chronologiques nous donnent la date exacte de leur mort ; cette date est l’année qui précède celle où leurs successeurs respectifs héritent de leur titre. Enfin, il n’est pas sans intérêt de suivre, grâce à ces tableaux, les vicissitudes de la noblesse à l’époque des Han ; l’historien trouvera là des indications sur le nombre des marquisats, sur leur origine et sur leur durée.