Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/225

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éminents entre les disciples (de Confucius), disait cependant :

— Quand je sors et que je vois des beautés compliquées et des élégances achevées, j’y prends plaisir ; quand je rentre et que j’écoute la doctrine du maître, je me réjouis.

Ces deux tendances se combattaient dans son cœur et il ne pouvait prendre parti. A combien plus forte raison les hommes de mérite moyen[1] ou moindre devaient-ils se laisser graduellement influencer par ceux qui avaient perdu les bons principes et devaient-ils être dominés par les mœurs prévalentes. K’ong-tse dit :

— Ce qui est essentiel, c’est de rendre les dénominations correctes[2].

Pour ce qui est (du prince) de Wei, la situation où il se trouvait n’était pas d’accord (avec le nom qu’il portait). Après la mort de Tchong-ni, les disciples qui avaient reçu son enseignement furent

  1. L’expression [tchong yong] est embarrassante. Dans le traité intitulé Tchong yong, cette expression est définie comme désignant la vertu parfaite du sage ; mais ici la suite des idées demande qu’il soit parlé de gens inférieurs à Tse-hia et non de personnes d’une valeur éminente ; je crois donc qu’il ne faut pas voir dans l’expression tchong yong une allusion à la vertu célébrée dans le traité de K’ong Ki, mais qu’il faut prendre chacun des mots qui le composent dans son sens ordinaire ; or tchong signifie milieu ; quant au mot yong, il a souvent le sens de mérite (cf. les exemples tirés du Chou King, du Kouo yu et du Tcheou li dans le dictionnaire de Kang hi, au mot yong) ; tchong-yong peut donc fort bien désigner les gens de mérite moyen.
  2. Cf. Luen yu, liv. XIII, chap. III. Le duc de Wei détenait le pouvoir au détriment de son père ; sa conduite n’était pas conforme à celle que doit avoir un fils ; on l’appelait un fils et cependant il ne s’acquittait pas des devoirs qu’implique le nom de fils ; Confucius le blâmait donc et l’invitait à se corriger quand il disait qu’il fallait rendre les dénominations correctes. Se-ma Ts’ien cite ce texte pour montrer que, dès l’époque de Confucius, on avait cessé de se conformer aux rites. Sur les dénominations correctes, cf. tome I, Introduction, p. XIV-XV et XVII.