Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Si les transformations ne s’accomplissent pas aux temps voulus, alors il n’y a plus de vie ; si les hommes et les femmes ne sont pas séparés, alors le désordre se produit. Telle est la nature du Ciel et de la Terre[1].

Ainsi donc, pour ce qui est des rites et de la musique, ils s’élèvent jusqu’au Ciel et descendent jusqu’à la Terre ; ils pénètrent les principes yn et yang et communiquent avec les mânes et les dieux ; ils atteignent jusqu’à ce qui est le plus haut et le plus lointain[2] et ils s’enfoncent dans ce qui est profond et épais[3].

La musique se manifeste dans le grand commencement[4] et les rites se trouvent dans les êtres produits. Ce qui manifeste ce qui ne cesse pas, c’est le Ciel ; ce qui manifeste ce qui ne remue pas, c’est la Terre. Un des termes étant ce qui remue, l’autre étant ce qui est immobile, (on en dérive) tout ce qui est entre le Ciel et la Terre. C’est pourquoi les hommes saints se sont bornés à parler des rites et de la musique[5].]

[Dans l’antiquité, Choen fit le luth à cinq cordes pour chanter le (chant intitulé) « le Vent du sud »[6]. K’oei le

  1. Les transformations normales des êtres s’accomplissent suivant une loi d’harmonie qui dérive de la musique et celle-ci symbolise le Ciel ; la séparation des hommes d’avec les femmes est le premier des rites et les rites symbolisent la Terre. Si donc le Ciel et la Terre viennent à présenter quelque défectuosité, la faute en est à la musique et aux rites qui ne sont pas parfaits.
  2. A savoir le soleil, la lune et les étoiles qui sont dans le ciel.
  3. A savoir les montagnes et les cours d’eau qui sont sur la terre.
  4. Le grand commencement représente ici le Ciel, de même que les êtres produits représentent la Terre.
  5. La musique symbolise le Ciel et le mouvement incessant ; les rites symbolisent la Terre et l’immobilité. Les rites et la musique suffisent donc à expliquer tout ce qui existe et c’est pourquoi les sages ont parlé de cela seulement.
  6. Les cinq cordes du luth devaient correspondre aux cinq notes de la gamme chinoise. Le Nan fong était une ode destinée à célébrer la piété filiale ; de même que, sous l’action bienfaisante du vent du sud, tous les êtres se développent, ainsi les enfants naissent et grandissent grâce à leurs pères et mères. Quatre vers de cette ode nous ont été conservés dans le Kia yu (chap. VIII, section Pien yo kie)

    « L’haleine parfumée du vent du sud

    Peut dissiper les chagrins de mon peuple ;

    L’arrivée opportune du vent du sud

    Peut accroître la richesse de mon peuple.