Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/273

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musiques des Yn et des Tcheou embrassaient la totalité (des choses humaines)[1].

D’après la loi immanente du Ciel et de la Terre, si le froid et le chaud ne viennent pas aux époques voulues, il y a des maladies ; si le vent et la pluie ne sont pas bien réglés, il y a des famines. Les instructions (du souverain) sont comme le froid et le chaud du peuple ; si les instructions ne viennent pas aux époques voulues, cela est nuisible aux gens ; les actions (du souverain) sont comme le vent et la pluie du peuple ; si les actions ne sont pas bien réglées, il n’y a plus aucune réussite[2]. Ainsi donc les anciens rois faisaient de la musique un instrument d’ordre et de bon gouvernement ; si (leur musique) était excellente, alors le peuple imitait leur vertu[3].

En engraissant des porcs avec du grain et en

  1. Le t’ai tchang ou ta tchang était la musique de Yao ; elle était ainsi nommée parce qu’elle manifestait l’éclat de son auteur. Le hien tch’e était la musique de Hoang ti, elle était ainsi nommée parce que la vertu de cet empereur était bienfaisante pour toute chose. La musique de Choen était appelée chao parce que cet empereur sut continuer le bon gouvernement de Yao. Hia est la musique de Yu qui agrandit encore les qualités de ses prédécesseurs. La musique des Yn fut appelée ta hou parce que T’ang le vainqueur sut protéger le peuple. Enfin la musique des Tcheou fut appelée ta ou à cause de la gloire guerrière du fondateur de cette dynastie.
  2. Le chaud et le froid dans l’ordre physique sont assimilés aux instructions, c’est-à-dire à la musique, dans l’ordre moral. Le vent et la pluie correspondent aux actions, c’est-à-dire aux rites.
  3. On retrouve ici une des idées fondamentales du confucéisme, à savoir que, si le prince est vertueux, le peuple ne pourra manquer d’imiter son exemple.