Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/283

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Ainsi, quand la (bonne) musique exerce son action, les devoirs des hommes sont purement observés ; les oreilles et les yeux perçoivent d’une manière distincte et claire ; le sang et les forces (de l’homme) jouissent de l’harmonie et du calme ; les pratiques (des grands) sont réformées et les coutumes (du peuple) sont changées ; dans l’empire tous vivent en paix.

Aussi dit-on : « La musique, c’est la joie. » Le sage se plaît à accomplir son devoir ; l’homme de peu se plaît à accomplir ses désirs. Quand le devoir commande aux désirs, alors il y a joie sans aucun trouble ; quand les désirs font négliger le devoir, alors il y a confusion sans aucune joie.

Voilà pourquoi le sage revient aux bons sentiments fondamentaux afin de rendre sa volonté harmonieuse[1] et répand la musique pour rendre parfaites ses instructions. Quand cette musique est en vigueur, le peuple se tourne vers la règle (qui lui est ainsi proposée), et, par là, on peut voir quelle est la vertu (du prince).

La vertu est le principe de la nature (humaine) ; la musique est la fleur de la vertu. Le métal, la pierre, la soie et le bambou (servent à faire) les instruments de la musique. La poésie exprime l’idée (de l’homme vertueux.) ; le chant module les sons ; la danse anime les attitudes ; ces trois termes[2] ont leur principe dans le

  1. Cf. p. 264, « c’est pourquoi le sage… harmonieuse ; ». Au-dedans de lui-même, le sage revient aux sentiments fondamentaux qui lui font préférer le devoir aux désirs égoïstes ; au dehors de lui-même, il se servira de la musique pour créer dans le peuple des dispositions analogues.
  2. A savoir l’idée, les sons et les attitudes. Ces trois termes ont leur origine dans les impressions du cœur humain ; la poésie, le chant et la danse, c’est-à-dire l’inspiration musicale sous ses diverses formes, s’appliquent ensuite à l’idée, aux sons et aux attitudes pour les exprimer.