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vingt-huit mansions, les tuyaux sonores et le calendrier sont ce par quoi le Ciel est en communication avec les émanations des cinq éléments[1] et des huit corrects[2].

Le Ciel est ce dont les dix mille (sortes d’)êtres tiennent leur existence et leur maturité ; les mansions sont les lieux où séjournent le soleil et la lune ; les mansions sont une émanation de dilatation[3].

Le vent Pou-tcheou[4] réside au nord-ouest ; il préside au meurtre des êtres vivants.

— (La mansion) Tong pi

  1. Métal, bois, eau, feu, terre.
  2. Les huit divisions exactes qui correspondent aux huit directions de l’espace d’où viennent les huit vents ; voyez plus bas la théorie des huit vents.
  3. Les explications des Chinois sur les émanations sont du pur pathos et il serait assez inutile de chercher à savoir pourquoi ils attribuent les mansions lunaires à une émanation de dilatation plutôt qu’à une émanation de restriction.
  4. Litt. : « le vent incomplet ». La théorie des huit vents se retrouve dans Hoai-nan tse (=Lieou Ngan, † 122 av. J.-C. ; cf. p. 95, § 4), chap. III, p. 5 v°-6 r° ; Hoai-nan tse commence l’énumération par le vent T’iao qui n’est que le troisième dans la liste de Se-ma Ts’ien. Les huit vents correspondent aux huit directions de l’espace : ils sont mis en outre en relation avec les mansions lunaires, les mois, les tuyaux sonores et les séries cycliques de douze et de dix caractères. Les vingt-huit mansions lunaires sont énumérées aujourd’hui dans l’ordre suivant : Est   : 1. Kio — 2. K’ang — 3. Ti — 4. Fang — 5. Sin — 6. Wei — 7. Ki. Nord  : 8. Teou — 9. Nieou — 10. Niu — 11. Hiu — 12. Wei — 13. Che — 14. Pi. Ouest : 15. K’oei — 16. Leou — 17. Wei — 18. Mao — 19. Pi — 20. Tsoei — 21. Chen. Sud   : 22. Tsing — 23. Koei — 24. Lieou — 25. Sing — 26. Tchang — 27. I — 28. Tchen. La liste des douze tuyaux sonores est la suivante : 1. hoang-tchong — 2. ta-lu — 3. t’ai-ts’eou — 4. kia-tchong — 5. kou-sien — 6. tchong-lu 7. joei-pin — 8. lin-tchong — 9. i-tso — 10. nan-lu — 11. ou-i — 12. yng-tchong. Les cycles de douze et de dix caractères sont trop connus pour qu’il soit nécessaire de les reproduire ici. Maintenant, si nous désignons les termes de chacune de ces listes par les numéros d’ordre qu’ils portent dans les énumérations actuelles, nous dresserons le tableau suivant des correspondances des huit vents, d’après Se-ma Ts’ien : (ici image du tableau des huit vents) On remarquera que, dans ce tableau, les mansions lunaires sont énumérées en commençant par la 14e pour finir par la 15e  ; [c’est exactement, mais en sens inverse, l’ordre suivi par les Hindous, les Persans et les Arabes dont la liste des 28 mansions commence avec la 15e mansion chinoise pour finir avec la 14e (Cf. le tableau dressé par M. Schlegel, Uranographie chinoise, p. 80-81).] [css : cf. errata en fin de note 140] Il est très vraisemblable que l’énumération de Se-ma Ts’ien nous présente la liste des vingt-huit mansions sous sa forme la plus ancienne ; l’énumération usuelle, qui commence à la mansion Kio, fut une modification apportée à la liste ancienne sous les premiers Han, lorsqu’on se préoccupa de constituer un système de philosophie naturelle dans lequel l’orient (et par suite la mansion Kio) occupait la première place. Cette simple remarque infirmerait tous les raisonnements de M. Schlegel (Uranographie chinoise, p. 79-80 et p. 487) qui veut faire remonter à plus de quatorze mille ans avant notre ère la détermination par les Chinois des mansions lunaires, sous le prétexte que l’astérisme Kio, étant le premier sur la liste, devait annoncer par son lever héliaque l’équinoxe de printemps, ce qui n’a pu arriver que 16.471 années exactement (p. 487) avant la date où M. Schlegel écrivait. Le meilleur travail à consulter sur les mansions lunaires est encore celui de Whitney, On the lunar zodiac of lndia, Arabia and China (dans Oriental and linguistic Studies, second series, pp. 341-421 et carte). Errata : Il faut supprimer [l’entre-crochet] : En rédigeant ces lignes, j’ai eu le tort d’accepter, sans la contrôler, l’assertion erronée de M. Schlegel (op. cit., p. 80-81) que Revatî serait la première mansion dans la liste hindoue, ce qu’elle n’a jamais été. M. Aug. Barth a bien voulu m’écrire à ce sujet une lettre que je suis heureux de citer ici : « La liste de Se-ma Ts’ien commençant par K’oei = Revatî (ou par Pi = Uttarâ Bhadrapadâ) ne correspond pas à une liste hindoue. De ces listes, nous en avons deux, la plus ancienne commençant par Krittikà, et une plus récente commençant par Açvinî. En admettant qu’elles commencent avec 1’équinoxe du printemps, la première nous reporterait vers 2500 avant J.-C. ; la deuxième, vers 500 avant J.-C. ; avec une bonne marge, bien entendu, de plusieurs siècles pour l’une et pour l’autre, dans les deux sens, en avant et en arrière. « Mais, outre ces listes, il y a des indications astronomiques : d’abord, celle du Jyotisha, un calendrier annexé au Veda, qui place l’équinoxe du printemps dans Bharanî, ce qui était exact vers 1500 avant J.-C. (toujours avec la même marge dans les deux sens) ; et une autre (chez les astronomes postérieurs, en possession des doctrines grecques), qui place cet équinoxe en Revatî, ce qui correspond au VIe siècle après J.-C. (toujours avec la même marge). « Bien que Revatî = K’oei corresponde à peu près au commencement de la liste de Se-ma Ts’ien, la date, à elle seule, de l’auteur chinois empêcherait de voir là plus qu’une coïncidence et d’admettre un rapport quelconque avec l’équinoxe (avec Pi = Uttarâ Bhadrapadâ, ce serait bien pis ; la moyenne nous reporterait vers 1400 après J.-C.). Pour trouver ici une donnée chronologique, il faudrait savoir où Se-ma Ts’ien place cet équinoxe. A première vue, il semble nous donner à cet égard une certaine approximation, puisqu’il met les astérismes en rapport avec les mois de l’année chinoise. Mais, c’est précisément ici que je ne le comprends plus. Toutes les listes des Nakshatras, y compris la liste chinoise actuelle, les donnent dans l’ordre où ils passent au méridien par suite du mouvement diurne et aussi dans l’ordre où le soleil et la lune les parcourent et, par conséquent, dans lequel ils peuvent être en rapport avec les mois. Or Se-ma Ts’ien énumère les mois dans l’ordre direct : pourquoi énumère-t-il les astérismes à rebours? Tant que vous n’aurez pas élucidé ce point, je ne vois rien à tirer chronologiquement de son énumération.