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barbare, parce que le paysan russe, outre l'obroc, paye une seconde capitation, qui seule est connue sous ce nom ; celle-ci est un impôt commun à tous les habitants de l'empire.

La liberté a fait tant de progrès dans le dernier demi-siècle que les paysans qui payent l'obroc forment peut-être aujourd'hui la classe la plus nombreuse parmi les esclaves des nations civilisées. En 1782, on comptait quatre millions six cent soixante-quinze mille individus mâles parmi les paysans russes de la couronne. Ce sont de beaucoup les plus heureux parmi les serfs de cet empire, dont il n'est pas rare d'entendre vanter le bonheur à ceux qui regrettent les anciens temps et qui voient avec peine l'homme recouvrer ses droits. En effet, leur capitation est modérée, leur propriété est garantie par la loi, et chaque village, avec l'autorisation de ses propres magistrats, distribue les terres qui lui sont allouées aux individus dont il se compose. Ceux-ci ont récemment acquis le droit d'acheter des terres en propre ; ils peuvent, à prix d'argent, obtenir le droit de voyager jusqu'à trois ans dans l'intérieur de l'empire ; ils obtiennent aussi quelquefois, à prix d'argent, la permission de se faire inscrire parmi les bourgeois des villes. Avec ces privilèges, ils jouissent en effet de