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de cette période de corruption de la civilisation antique, où tout l'ouvrage des champs était fait par des esclaves.

L'état de l'Irlande et les convulsions auxquelles ce malheureux pays est sans cesse exposé montrent assez combien il importe au repos et à la sûreté des riches eux-mêmes que la classe agricole, qui forme la grande majorité d'une nation, jouisse de l'aisance, de l'espérance et du bonheur. Les paysans irlandais, qui sont toujours prêts à se soulever et à plonger leur pays dans les horreurs d'une guerre civile, vivent dans de misérables huttes, sur le produit d'un carré de pommes-de-terre, et le lait d’une vache. Ils sont aujourd'hui plus malheureux que les cottagers anglais ; cependant, ils ont une petite propriété que les derniers n’ont pas. En retour, pour la portion de terrain qui leur est accordée, ils s'engagent seulement à travailler à la journée sur la ferme dont ils dépendent, pour un salaire déterminé. Mais la concurrence qu'ils se font les uns aux autres les a réduits à se contenter, pour ce salaire, du plus bas terme possible [1]. Cette con-

  1. Ce n'est point la division des héritages dans chaque famille qui a multiplié les cottagers en Irlande, au-delà des besoins de l’agriculture ; c’est la concession originaire qui leur a été faite par les seigneurs. Une trop petite portion de terre a été attachée à chaque cabane, et les seigneurs encore guerriers ont voulu en avoir un trop grand nombre ; mais ces portions originales n'ont point éprouvé de nouveaux partages par le fait des paysans mêmes. Tome I