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livre v, chapitre III 21

prise productive, il emploie tout son capital à faire travailler, et il n’en laisse aucune portion dans l’oisiveté. S’il est fabricant de draps, et s’il a consacré cent mille livres à sa manufacture, il ne s’arrêtera point jusqu’à ce que ces cent mille livres soient en entier converties en marchandises, et qu’il n’ait plus de nouveaux écus à employer dans sa manufacture. Si on lui demande alors pourquoi il s’arrête, il répondra comme l’ouvrier, que l’argent manque, que l’argent ne circule pas. Ce n’est pas cependant non plus l’argent qui manque alors, mais la consommation ou le revenu du consommateur. En commençant sa fa- brication, le chef d`atelier avait cru la proportionner aux besoins du marché, et il avait compté qu’aussitôt que ses draps seraient finis, ils seraient achetés par les consommateurs, en sorte que l’argent de ceux-ci, qui n’est que le signe de leur revenu, remplaceraît son capital, et deviendrait le signe de la subsistance des nouveaux ouvriers, auxquels il paierait leur salaire. Ce n’est pas l’argent qui a manqué au consommateur, mais les revenus : l’un a fait cette année de plus mauvaises récoltes, l’autre a retiré un moindre intérêt de ses capitaux, ou une moindre part dans la reproduction aunuelle des fruits de l’industrie ; un troisième