Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/212

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tie. Les fortes sommes dont ils sont propriétaires dans les fonds publics de France et d’Angleterre, qu’on évalue pour ces derniers à environ 40,000,000 l. sterl. (en quoi je soupçonne pourtant beaucoup d’exagération[1]), la quantité de fonds qu’ils prêtent à des particuliers, dans les pays où le taux de l’intérêt est plus élevé que chez eux, sont des circonstances qui, sans aucun doute, démontrent la surabondance de leurs capitaux, ou bien leur accroissement au-delà de ce qu’ils peuvent employer avec un profit convenable dans les affaires de leur pays ; mais cela ne prouve nullement que ces affaires aillent en diminuant. Ne peut-il pas en être des capitaux d’une grande nation comme de ceux d’un particulier, lesquels, bien qu’ils aient été acquis par le moyen de son commerce, s’augmentent souvent au-delà de ce qu’il peut y employer, tandis qu’en même temps son commerce n’en va pas moins toujours en augmentant ?

Dans nos colonies de l’Amérique septentrionale et des Indes occidentales, non-seulement les salaires du travail, mais encore l’intérêt de l’argent et, par conséquent, les profits du capital, sont plus élevés qu’en Angleterre. Dans ces différentes colonies, le taux légal de l’intérêt, ainsi que le taux de la place, s’élève de 6 à 8 p. 100. Cependant de forts salaires et de gros profits sont naturellement des choses qui vont rarement ensemble, si ce n’est dans le cas particulier d’une colonie nouvelle. Dans une colonie nouvelle, à la différence de tout autre pays, les capitaux sont naturellement peu abondants en proportion de l’étendue de son territoire, et peu nombreux en pro-

  1. Le docteur Smith semble ignorer ici qu’un relevé officiel, fait en 1762, porte les différents fonds transférables à la banque d’Angleterre, inscrits sous des noms d’étrangers ou de leurs agents, seulement à 14,956,395 livres sterling. Ce relevé ne comprend pas les fonds étrangers engagés dans le capital de la Compagnie de la mer du Sud et dans les annuités, ni ceux engagés dans le capital de la Compagnie des Indes orientales ; mais en évaluant à 18,000,000 livres sterling la totalité des capitaux étrangers engagés dans les fonds anglais, on sera assurément au-dessus de la vérité.

    En 1806, la part des étrangers dans les fonds anglais s’élevait à 18,598,606 livres sterling, auxquels on pouvait ajouter 2,000,000 de surplus pour avoir l’évaluation la plus forte. Depuis la paix, le montant du capital possédé par des étrangers diminue rapidement. En août 1818, il ne s’élevait plus qu’à 12,486,000 livres sterling ; et en ce moment (1838) on ne suppose pas qu’il excède 8,000,000 livres sterling. (Voyez Fairman, on the Funds, 7e édit., p. 229.) Mac Culloch.