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PRÉFACE DE GARNIER


contenant


1o Un précis des divers systèmes d’économie politique qui ont été suivis par les gouvernements. — 2o Un exposé sommaire de la doctrine de smith, comparée avec celle des économistes français. — 3o Une méthode pour faciliter l’étude de l’ouvrage de smith.




I. Précis des divers systèmes d’économie politique qui ont été suivis par les Gouvernements.


L’observation des lois d’après lesquelles les richesses d’une nation se distribuent naturellement entre les différents ordres de la société, et la recherche des causes qui tendent à multiplier ces richesses, forment la partie la plus difficile, la plus compliquée et la plus controversée de la science connue sous le nom d’économie politique.

Cette branche importante de la science sociale n’avait point occupé les anciens philosophes, et elle ne pouvait pas en effet s’offrir à leurs méditations sous le même aspect où elle fut considérée par les peuples modernes, le seul qui puisse en faire le sujet d’une étude philosophique.

D’après la constitution politique des sociétés chez les peuples de l'antiquité, la terre productive, le capital employé à son exploitation, l’ouvrier chargé de la culture, étaient tous la propriété de la même personne. Le citoyen propriétaire du fonds l’était aussi nécessairement des bestiaux, des engrais et des instruments de culture. Les travaux du labour et de la récolte étaient exécutés par ses esclaves, et la régie ou inspection du domaine était confiée à l’un de ses principaux esclaves ou à quelqu’un de ses affranchis[1]. Les vêtements, les meubles d’usage étaient fabriqués par des esclaves, et le commerce étranger fournissait les articles de luxe. On achetait à

  1. La plupart des affranchis restaient dans la maison de leur maître, où ils étaient nourris et entretenus, et où ils se rendaient utiles : ils recevaient des gratifications méritées par leurs services. Si l’affranchi eût été obligé de quitter la maison où il avait été élevé, la liberté aurait été pour lui, le plus souvent, un présent funeste.